vit et travaille à Paris et à Flers - 06 26 68 06 42 - http://www.antoinetarot.fr/ - tarotantoine@hotmail.com
La main d'Antoine
(ou la pensée ondoyante)
La main est forte et souple ; battre la terre, accroupi, le corps
penché, longuement et bien dans le rythme. Faire des boules, ou
des cylindres comme on masse le pain, plaquer, rouler, enfoncer le
pouce dans la paume ; Puis monter la forme d'un geste répétitif et
bien réglé - par modules en alvéoles, par boudins arqués, presque
tissés ; Attendre la prise, le temps juste... il note : origine
d'une forme : archéologie, anthropologie, monde du travail.Il veut
visiblement s'inscrire dans l'histoire mineure.
Limiter
mes moyens, c'est m'obliger à approfondir la méthode (technique),
c'est me confronter quotidiennement à un seul et même matériau
pour mieux comprendre sa structure, anticiper ses réactions et mieux
le détourner.
La sculpture d'Antoine Tarot se présente comme un ensemble d'objets
en grès émaillé, aux teintes unies, noires ou terreuses qui
renforcent les masses fortes, robustes, pleines, des sortes de
protubérances, d'ombilics, parfois d'enchevêtrements. Bien qu'il ne
les nomme pas, on peut y voir des habitacles, nid, ruche, carapace,
structure-habitacle, ou des organismes qui évoquent le vivant. Ils
parlent de la poussée d'une force, de gonflement, de génération,
de prolifération. Ces formes sont peau, empreinte, mue, et gardent
la trace de leurs façonnages. Comme dans tout acte de modeleur, le
corps est là, présent en négatif. Empreintes, trace (du corps).
Sculpter, laisser une trace... (...)
Puis il y a des rencontres déterminantes, et aujourd'hui des
collaborations continues avec des sculpteurs de la terre, largement
ses aînés qu'il écoute et épaule efficacement, sans afféterie.
Avec les artistes de sa génération, ce sont des projets collectifs
« en contexte » dans lesquels il s'investit avec énergie. Bref,
sérieusement et très concentré, il s'amuse.
Vincent Barré, sculpteur, Mars 2009